Le blog de Fabien Ribery

Le 24 novembre 2019

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Aujourd’hui, rendez-vous à Lisbonne.

Un livre en format italien du photographe Bernard Cornu nous y invite, Lisbonne, l’appel du large…, qui, sans renouveler les lois du genre, est une belle balade en sa compagnie dans la cité populaire et princière.

Effectuées entre 1993 et 2016, ses photographies en noir & blanc montrent avec bonheur la beauté des quartiers d’une ville – Graça, Alfama, Bairro Alto, Chiado, Baixa Chiado, Belém, Cacilhas – propice à la marche, à la rêverie et aux rencontres simples.

Dans le regard de Bernard Cornu, Lisbonne est une ville d’espace, ne craignant pas le vide, appelée puissamment par la mer qui la borde et l’enchante.

Une ville dont le photographe aime la géométrie, les lignes, les points de vue, la diversité, et la façon dont les corps se disposent entre les bâtiments.

Malgré le tourisme de masse, Lisbonne est encore un monde, une entité singulière, un cœur de l’Europe restant battant.

Loin de la nostalgie facile, et de l’antienne sur l’invasion touristique, Nuno Judice écrit avec justesse : « et ce qui se passe aujourd’hui, grâce au tourisme, c’est ce qui est arrivé dans la Lisbonne du XVIe siècle, quand les rues s’emplissaient de marins et de marchands qui arrivaient de toute l’Europe, des indigènes ramenés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, sans compter les communautés de Juifs et de Maures qui formaient encore une partie active de la population avant l’arrivée de l’Inquisition, en 1536, qui se mit à pourchasser, arrêter et brûler ceux qui ne se convertissaient pas. »

Lisbonne est une arche majestueuse ouvrant sur l’Atlantique, mais dont les parfums intimes sont encore méditerranéens.

Des pierres centenaires et des ponts modernes.

Des envies de Nouveau Monde et des méditations intérieures.

De l’épique et de l’intime.

Des rives et des dérives.

De la danse et de la mélancolie.

De la révolte et de l’accueil.

Un « bouillon de culture » (Nino Judice) et une âme forte.

C’est cette ville cosmopolite où l’on peut encore prendre le temps de vivre qu’aime Bernard Cornu, dont les images sont des flâneries entre bords de l’océan et ruelles étroites du quartier historique.

Il faut ouvrir son livre en le laissant respirer, ne pas tourner trop vite les pages, imaginer quelle image succédera à un monument baroque sous la pluie, ou une venelle gorgée de soleil.

Du linge sèche, de vieux messieurs jouent aux cartes, des azuléjos sont tagués.

Dans l’œil de Bernard Cornu, Lisbonne est encore rurale et de multiples calendriers, ouverte et protectrice.

On y est bien, en espérant ne surtout pas brusquer par notre présence indiscrète son fado, sa grâce, sa liberté.

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